Le Philharmonique des mots (Juillet 2010)

Texte de Marie Depleschin, extrait du livret.

Le philharmonique des mots…
Tout a commencé par un coup de téléphone de Luiz Rosas, c’était en juillet dernier. Luiz, jamais en retard d’une idée folle, avait imaginé une lecture pantagruélique, donnée sur scène, par une assemblée de lecteurs de Leitura Furiosa. Le texte serait écrit pour l’occasion, et mis en bouche des lecteurs par des comédiens. Il proposait l’affaire à Marie Desplechin, écrivaine, qui aurait été bien folle de dire non. Alors même que Luiz exposait le projet de sa voix chantante, elle bricolait sa petite idée sur la question. Écrire, d’accord. Mais pourquoi lire ? Pourquoi ne pas chanter ? Puisqu’on était sur scène, et si nombreux, c’était un chœur qu’il fallait prévoir. Les mots, les voix, c’est de la musique. Et pour cela, il fallait s’adresser à Nicolas Frize, compositeur. Ce genre de création, non seulement il savait le faire, mais il pourrait en avoir l’envie. On l’avait vu à l’œuvre. S’en est suivi une lettre de Marie à Nicolas, puis un coup de téléphone de Nicolas à Marie, et c’était d’accord. On allait le faire. Rendez-vous à la rentrée.
Dans les mois qui ont suivi, un tas de gens se sont rencontrés. Les gens de la Maison de la Culture d’Amiens, du Festival de Saint-Riquier, les gens du Cardan, d’Amiens, d’Abbeville, de Friville-Escarbotin, de Longueau et ceux des bibliothèques, les comédiens qui formeraient les choristes, et les choristes eux-mêmes. Si personne ne voyait très clairement comment, et où, on allait aboutir, tout le monde était d’accord pour tenter le coup. C’était excitant, et affolant, de voir l’affaire prendre forme. Et sans que le moindre mot soit encore écrit…
C’est Nicolas qui a rêvé d’une cuisine. Une grande cuisine humaine où préparer ensemble un banquet de mots. Plus nous en parlions, plus c’était évident. Parler, chanter, manger, s’organiser, combattre, prendre sa place, c’est fou tout ce qui se joue dans la cuisine. À cela, pas d’exception. Rien n’est mieux partagé que le plaisir de manger, et celui de nourrir. Dans le fond, c’était ce que nous voulions, tous : partager du plaisir, le temps d’un concert, celui de faire ensemble, et puis celui de partager. Il faudrait penser à faire chanter la salle…
Plus on avançait, moins c’était terminé. Il semblait nécessaire, et beau, désormais, d’embaucher des musiciens, que leurs instruments soutiennent et relaient les voix. Et une directrice de chœur aussi, qu’elle relaie et soutienne Nicolas. Sans parler des panneaux vidéo qu’on installerait dans les salles pour que le texte soit accessible, par morceaux tout au moins. Et les bus, pour les choristes, Luiz, t’as pensé aux bus ?
Enfin, le printemps est arrivé, et le texte a été composé. Et la musique écrite. Et les ateliers mobilisés. Et puis, enfin c’est arrivé. Nous y sommes arrivés. À partir d’un coup de fil en juillet.

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