Nos vies dépassent votre fiction

Texte de Méloda, Béatrice, Christine, Aurore, Mélina, Jean Georges Tartar (le poète à la canne burkinabé) Rodolphe (l’homme au chapeau noir australien, dit “passe-partout”) et Catherine Gualtiero.

“Lapin”. Pour aller vite, on dira que c’est l’histoire d’une femme qui accouche. Seule. En l’absence du père. Et que le bébé a “sans doute été mis en contact avec le germe de la méningite”. On pourrait avoir la trame d’un roman. Un roman ? Pour quoi faire ? Nos vies de femmes dépassent votre fiction ! On est bien d’accord. C’est peut-être pour cela qu’Héléna Villovitch n’en a fait qu’un récit, donc une histoire vraie. Allez savoir !

Mouais… Sauf que le talent seul ne suffit pas. Il faut l’envie, le courage, et le temps d’écrire. Tout ce que nous n’avons plus. Les stocks sont vides, on travaille en flux tendus, comme ils disent. Il faut déjà beaucoup de talent pour rester en vie. Ce n’est pas du talent d’ailleurs, c’est une obligation. Pour les enfants. Nos amours. Mais, on la prend où la force quand ils nous demandent d’être à la fois, mère et père ? Quand on ne peut pas leur dire qu’on aurait juste envie d’être une femme… Aimée. De temps en temps. Et, on le trouve où l’argent quand ils nous tannent pour avoir leurs dernières technologies, ouèche, ouèche, Ipad, Ipod, aie ta mère, qui nous coûtent un RSA plein ? On bidouille, on se prive. Les enfants d’abord !
On vous l’a expliqué ce matin. Nos hommes sont partis. Aux abonnés absents. Soyons sérieux, la solitude nous tue ! Nos corps sont fatigués. Marre des soupes aux vermicelles, des traitements pour grossir, et de tous ces abrutis qui nous disent qu’on a la ligne, alors qu’on a juste faim ! Et faudrait l’écrire ?
On en a plus qu’assez de nous faire réorienter après chaque CDD. Oui, on les a enquillés leurs C.A.E à la noix, et leurs petits boulots à trois euros. Nous sommes multipistes maintenant. Plurifonctions. C’est ce qu’ils voulaient, non ?
On a tout fait, téléconseillères, vendeuses, coiffeuses, couturières, même lad… On ne rêve plus beaucoup.
Femmes. Seules. Avec enfants à charge. Chercher l’erreur. On ne fait pas de politique. C’est encore – et toujours – l’affaire des hommes. Peut-être qu’une femme Présidente aurait fait l’affaire. Mais, on sera mortes d’ici là. Nos enfants, peut-être, auront la chance d’en voir une à l’Élysée. La France nous fait mal. Villovitch nous fait miroir. Mais, elle a des lecteurs. Elle compte, elle. On l’appellera comment ce bilan alors ? Il est mi-ti-gé. Toujours la même histoire de la bouteille, à moitié pleine, à moitié vide. On a le droit d’en rire. Et on en rit
souvent. Juste entre femmes, seules, sans enfants à charge.
Tout, sauf de la littérature en somme.
À propos de Somme, ce soir, Amiens joue contre Reims. Et c’est pas gagné ! Et, ils sont où ? Et, ils sont où les Amiénois ?… La, lala, lalère…

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Amiens. Vendredi 10 mai 2012. Au Point Rencontre d’Elbeuf d’abord, au Bar de l’Ad Hoc ensuite. (Mais toujours à jeun…)