Des bleus sur le cou

Émilie Rousselle, Stessy Rohaut, Ilona Manebard, Brenda Ritz, Quentin Peret, Brandon Raguenet, Nicolas Coulon, Cédric Zdunck, Anasse Salim Tourqui. Marc Monsigny, Laurence Macke et Thomas Scotto. 

Conclusion ?
Je peux bien survivre entre 9 et 10.

Et même si je me cogne aux poteaux… une fois, deux fois… que ça me plie en deux, le choc… même si je dois rimer devant tout le monde ou chronométrer une course de tondeuses à la licorne…
Mon cirque en tissu reste toujours ouvert. Ticket gratuit si tu connais mon numéro de carte, placement libre sans faire la queue de cheval pendant des heures et salade de spectacle, à volonté !

Oui, il y a comme ça des heures idéales. Pour d’autres, bien sûr, ça ne vaudrait pas un radis de potager. Pas de quoi fouetter un chat noir les soirs de sorcière, ni de danser sur l’air de « couleur colza, j’aime ta couleur colza ».
Moi, j’appelle ça « mon voyage de minutes ». Ça compte.
Ça compte presque autant que les truites orange de la victoire dans le lever du matin, quand tu enfourches ton scooter vers la RNC et que t’as la langue bleue d’avaler tant de kilomètres.
Alors je prends souvent des « poses ». Pour profiter. Je me laisse porter tant que des bras sont forts pour moi, tant que ça chante à trois temps et que je vole dans ses yeux.
Et laisse couver ! Je me dis. Rigoler pour un rien fait tellement plus vendre qu’une maison mal placée.
Après ça, suffit de penser : à 13 ans je ne travaille pas ! Autant mettre un canard à la poubelle ou des vaches sur une moto ! Non, vraiment, pile ce jour-là, le jour J de mes 13 bonbons, je ferai autre chose.
Des pizzas dans mon restaurant, un dessin de T-Rex sous mes ciseaux de coiffeur, rien de très à la mode pourvu que ça me marque en chœur aussi fort qu’un but de football sur mes joues.
On fait de l’équilibre souvent. On rate des trottoirs. On s’invente des vaisseaux de bouffons verts et des suçons lasers juste pour échapper aux deux gants blancs du silence. Ceux qui risquent parfois cette question, « Je peux te tuer ? » pour nous tordre le cou.
Il faut pourtant deux mains pour faire un cœur, un seul doigt seulement pour insulter l’honneur…
Puisqu’on m’aime, je dis que c‘est une douleur de bague mais la vérité, c’est qu’on ne réussit pas toujours nos saltos arrières, qu’on a le droit de se planter et voir la vie en petites têtes de mort bien serrées.
Ça n’empêche, il y a comme ça des heures idéales. Pour d’autres, bien sûr, ça ne vaudrait pas un radis de potager. Moi, je peux survivre. Je prendrais le jeu vidéo suivant.
Pour mon « voyage de minutes » il y a toujours un bateau de bois de souche à faire voguer sur la rivière.
De 10h jusqu’au reste du temps.

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