“L’entrée et la sortie sont libres”

Le texte ci-dessous sur le Cardan était l’introduction proposée pour la première version du livre sur la Recherche-Action à paraître le 7 février. Depuis, une deuxième version, différente est en cours de rédaction… Avec une introduction différente (à suivre…).

Francis Mizio

Le CARDAN, association amiennoise qui se focalise sur les apprentissages de base, la production culturelle et l’accès à la culture des personnes exclues des dispositifs existants, se définit originellement ainsi : “Le CARDAN un centre permanent de lutte contre l’illettrisme. Il fonctionne de façon continue où l’entrée et la sortie sont libres.”

Le mot libre, sans doute est-ce dû à la figure d’origine brésilienne (et à son accent) de l’animateur charismatique du CARDAN, Luiz Rosas, sonne, pour qui le connaît comme la dernière phrase du film documentaire surréaliste, implacable et extraordinaire du réalisateur brésilien Jorge Furtado (2009) “L’île aux fleurs” (1) qui raconte de façon surréaliste et swiftienne ce qui arrive aux pauvres qui n’ont “ni propriétaire, ni argent”, ni rien d’ailleurs, et sont contraints de manger les déchets alimentaires des porcs qu’une porcherie leur concède.

La phrase finale nous explique que ce qui distingue les êtres humains des porcs de l’île aux fleurs est le fait d’être libres (“Libre es el estado de aquel que tiene LIBERTAD”… Libre est l’état de celui qui jouit de liberté). Cette longue digression introductive pour dire, pour qui connaît aussi l’action du CARDAN depuis des années que celui-ci n’est pas qu’un producteur de cours et d’émancipation : il est un outil de liberté, d’une liberté que l’on utilise et d’une liberté que l’on acquiert ; d’ailleurs Verlaine disait “Liberté, j’écris ton nom” et les bénéficiaires des services du CARDAN savent ou ont appris à le le lire et l’écrire.

Toutefois, il ne suffit évidemment pas d’être libre d’entrer et de sortir du CARDAN pour jouir totalement de sa liberté dans le monde. Il faut aussi avoir la possibilité de s’exprimer. On osera penser que le sujet de ce livre, l’expérience de la recherche-action menée au CARDAN est une forme de quintessence de son action : permettre aux exclus de s’exprimer, de réfléchir aux problèmes de leur vie, de celle des autres et du monde, de contribuer à améliorer la vie de chacun, de rencontrer les politiques autant que ceux qui auront des fait des études ou jouissent d’un statut social particulier. Une liberté par le verbe. Le verbe lu, écrit, acquis. Avec la recherche-action, le verbe est aussi désormais recherché, pensé et exprimé. Agissant et émancipant. Pour être libre, complètement.

Ilhas das Florès ; Ours d’argent du court métrage lors du Festival de Berlin en 1990 ; prix de la presse et prix du public lors du Festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand en 1991. > Voir sur Wikipédia. Liberdade é uma palavra que o sonho humano alimenta, que não há ninguém que explique e ninguém que não entenda. Liberté est un mot que le rêve humain alimente, il n’y a personne que l’explique et il n’y a personne qui ne le comprenne (entende).